Le petit Journal du Vieux quartier
Saint-Christoly de Bordeaux 9
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La naissance de l'architecture de béton à Bordeaux :
Depuis 1934, la tour, qui surplombe le premier
bâtiment bordelais d'architecture nouvelle par ses formes et matériaux, veille sur le quartier Saint-Christoly. Mais,
bien avant la Place Saint-Christoly, c’était pour les Bordelais le siège de Régie
Municipale du Gaz et de l'Electricité,, en abrégé « la
Régie du Gaz ». .
Elle a été
construite pour l’'édifice de la Régie Municipale du Gaz et de l'Electricité,
1919 : Le Conseil Municipal de Bordeaux décide la
création de la Régie Municipale du Gaz et de l'Electricité de Bordeaux (RMGEB).
Les locaux s'installent sur l'emplacement de l'ancienne Eglise et de la maison
de Florimond de Raemond au XVIIème siècle.
.
Place Saint Christoly les locaux de la
RMGE (à droite) en 1929.
Bordeaux
avait d'abord été alimenté en gaz (depuis 1832) puis en électricité (après
1887) par de multiples sociétés et usines privées. A partir de 1919, la ville
avait pris à son compte l'exploitation de ces installations, mais leur
dispersion rendait la gestion lourde et précaire'.
A l'été 1930,
le Conseil municipal autorisa la R.M.G.E. à contracter un emprunt de trente
millions de francs pour transformer les bâtiments de la R.M.G.E. Enfin, La Municipalité confie à l'architecte Raoul Jourde la construction
du site moderniste de la Régie, située rue du temple et sur la place
Saint-Christoly.
Raoul Jourde
(1889-1959) était un architecte âgé de 43 ans. Il était littéralement féru des
idées de la nouvelle architecture. Il avait appris auprès d'Auguste Perret, et
de l’architecte autrichien, Josef Hoffmann chez qui il prétendait avoir connu
Le Corbusier, qui avait séjourné quelques mois chez Hoffmann. C’est aux
théories de Le Corbusier Jourde se réfère non seulement matière d’urbanisme
mais aussi en ce qui concerne l'architecture et les techniques de construction.
Il veut des immeubles sur pilotis des toits en terrasse et des baies
horizontales « en largeur sur toute la façade ». Enfin, il veut en finir avec
la pierre et n’utiliser que des matériaux modernes. Il s'efforce de convaincre
que les matériaux nouveaux justifient une esthétique nouvelle.
Au cours de conférences qu’il prononce, à Bordeaux, pour défendre ses
principes, il prône l’utilisation de l’acier, du béton armé, des matériaux
isolant du bruit du froid et de la chaleur, voulant convertir les bordelais à l’«
expression nouvelle et inattendue» de l’architecture du XXème siècle. Par sa
formation, ses échanges avec l'étranger (il avait concouru pour la construction
du théâtre de Kharkov en URSS, il voulant imposer à Bordeaux un nouveau style
international dont il était l’adepte.
Son projet novateur
proposait un immeuble de cinq étages dont le
dernier serait couvert en terrasse. L’innovation consista à placer l'escalier et l'ascenseur publics dans une tour à l'angle du bâtiment.
L’architecture nouvelle
et son implantation au centre historique de la ville donnèrent lieu à des
polémiques locales. Le béton, le verre et l’acier ne s’invitent pas aussi
facilement dans le cœur d’une ville classique. La petite Gironde participa à une
polémique passionnée. Elle publiait côte à côte les photographies de la tour Pey
Berland, modèle « du plus pur gothique»
et de tour de la R.M.G.E. « représentation du style moderne ». Il faisait remarquer : « les deux édifices sont à peu près de la même hauteur. Ils n'ont
que cela en commun ». Mais c’est
évidemment la réaction des lecteurs qui fut la plus véhémente. Si l’on écarte
le florilège des réactions sottes voire xénophobes, on retiendra au moins le
dépit des partisans acharnés d’une architecture gothique vitupérant « la
tour de verre qui insulte à celles de la cathédrale ».(voir Robert
Coustet. La naissance de l'architecture de béton à
Bordeaux : Raoul Jourde et le bâtiment de la Régie municipale du Gaz et de
l'Electricité, in Revue historique de Bordeaux et du Département de la Gironde.
(Nouvelle Série, tome XXVII) Bordeaux, 1978-1979).
Les travaux,
commencés au début de l'année 1932, furent menés efficacement et en décembre 1934, le bâtiment put être inauguré par le maire de Bordeaux, Adrien Marquet. Ainsi,
fut créée, pour la première fois à Bordeaux un style résolument nouveau. Malgré
son affectation utilitaire de service public, l’immeuble rivalisait dans son
style avec des constructions illustres contemporaines mais vouées à la
distraction et aux plaisirs, comme….
A suivre …
Et
pour en savoir plus :
Saint-Christoly est au cœur de notre
histoire.
C’est là que la ville de
Bordeaux a été fondée.
L’antique quartier Saint-Christoly est le plus vieux
quartier de Bordeaux.
ENSEMBLE PLACE SAINT-CHRISTOLY.
www.placesaintchristoly.fr