Le petit Journal du Vieux quartier Saint-Christoly
de Bordeaux 4
Numéro spécial 14 juillet
SAINT-CHRISTOLY, LE PLUS VIEUX QUARTIER DE BORDEAUX
Saint-Christoly sous la révolution
Passants, touristes, amis, vous êtes ici au
cœur de Bordeaux, là où la ville est née.
Jean-Baptiste Barberet, le curé de Saint-Christoly.
L’homme de la fin du XVIII siècle c’est, sans conteste,
Jean-Baptiste
Barberet, le curé de Saint-Christoly. On sait tout sur la
vie du quartier par son «Journal de tout
ce qui me regarde, particulièrement pour le service de ma parroisse",
qu'il a commencé le 30 septembre 1781 » bien qu'il fut déjà curé, en 1777
lorsqu'il est installé en qualité de prieur de Neuffons. Le curé Barberet a
consigné minutieusement la vie du quartier pendant les dix dernières années de
la paroisse : dames de charité et filles de joue, mariages "de nuit"…En
1772, le revenu de la cure de Saint-Christoly n’était que de
Le quartier Saint-Christoly sur le
plan géométral de Bordeaux (Après la construction du Couvent des Petits-carmes).
Détail du plan de Lattré, réalisé en faïence à Nantes en 1756.
C’est lui qui prend la tête des revendications du clergé
bordelais à la fin de l’ancien régime. A la fin de l’année 1788 et au début de
l’année 1789, c'est lui qui réunit « les curés de la sénéchaussée en assemblée
par billets imprimés. Ils revendiquent d’être « aux états généraux les
défenseurs de la classe la plus humble… se plaignent de n’avoir pas été appelés
depuis plus d’un siècle aux assemblées générales du clergé et demandent d’abord
aux états généraux une représentation égale à celle de tout le clergé ».
La révolution, à Bordeaux comme ailleurs, frappe à la porte. Le journal des
visites du curé Barberet montre qu’il s’efforce d’apporter lui-même l’extrême
onction aux nécessiteux, et ne néglige pas les filles d'apporter son assistance
aux "filles de joie" qui sont nombreuses sur la paroisse de Saint-Christoly.
Il payait directement le boulanger et le boucher pour qu’il fournisse
gratuitement du pain et de la viande aux pauvres, visitait leur famille en leur
apportant un secours. Il serait jusqu'en 1790 le dernier curé de Saint-Christoly.
Le régiment de Saint-Christoly
Le 17 juillet, arriva à Bordeaux la nouvelle de la prise de
la Bastille. Trois jours plus tard, 30.000 citoyens se réunissaient au Jardin
Public pour pourvoir aux besoins de la défense commune. Ce jour là, naissait l’armée
patriotique bordelaise, future Garde nationale. Et avec elle le régiment de Saint-Christoly,
qui, avec dix compagnies, en sera l'un des 13 régiments, avec pour capitaine le
chevalier de Grichau. Ce sont les musiciens du régiment de Saint-Christoly qui
seront chargé de jouer à Saint-André lors de l'installation du nouvel évêque
constitutionnel élu, le 3 avril 1791 à Saint-André.
Soldat de l'Armée patriotique
bordelaise devant le Chateau-Tompette;
L'"édifice national" Saint-Christoly 1791-1792
En 1790, les nouveaux corps constitués étaient élus en vertu
des lois nouvelles dans toutes les villes. A Bordeaux, la municipalité nouvelle
était installée. La Jurade qui avait survécu disparaissait pour toujours. Gensonné,
un enfant du quartier Saint-Christoly, aux confins de
Saint-Projet, qui devient Procureur de la commune, le 20 juillet 1790.
Arnaud Gensonné, né rue Arnaud
Miqueu, il habite rue des Trois-Conils.
En 1791, Pïerre Pacareau prit la décision de faire fermer un
certain nombre d'église dont Saint Projet et Saint-Christoly. Le
vendredi 8 avril 1791, à midi, deux commissaires envoyés par le Directoire du
département en ferment les portes "après
avoir fait transporter ou consommer, par des ecclésiastiques invités à cet
effet, les hosties consacrées"(sic). C’est ainsi la fin de l’église à Saint-Christoly.
Mais Saint-Christoly ne cesse pas de
vivre. Peu après l'épisode de Varennes, un club révolutionnaire de Bordeaux, la
Société des surveillants zélés de la
constitution s’installe, le 9 juillet 1791, dans l’église dont le mobilier
a été retiré. Les Surveillants zélés de
Saint-Christoly
sont bien vite connus dans toute la Gironde et au-delà. Dans l'esprit du temps,
les surveillants zélés reçoivent de nombreuses
demandes d'affiliations non seulement venues du département de
Le 23 novembre 1791, ce sont les "Amies de la
constitution" qui demandent à s’affilier au club des surveillants séant à Saint-Christoly
« pour environner notre société de vos lumières ». Le 7 février 1792,
c'est le maire de Paris, Pétion, qui s'adresse aux membres de la Société des "surveillans"
de la Constitution Saint-Christoly, à Bordeaux en louant la "fermeté et le concert des bons citoyens
animés d'un civisme aussi pur que le vôtre"…
Frères et amis,
Sans doute les ennemis de
l'ordre public n'ont point encore renoncé à leurs odieuses espérances, mais la
fermeté et le concert des bons citoyens animés d'un civisme aussi pur que le
vôtre déjoueront leur projet. Je veillerai sans cesse à repousser les dangers
dont on menace la capitale, et mon zèle sera sans bornes; si les événements que
vous redouté arrivaient, ils tourneraient contre les traîtres qui les auraient
préparé. Voici le moment qui approche où nous ferons connoître si nous sommes
dignes d'être libres, et j'espère que nous ne donnerons pas à l'univers le
honteux spectacle d'avoir su conquérir et de n'avoir pas su conserver sa
liberté.
Paris, le 7 février 1792, l'an 4e de la Liberté.
Le Maire de Paris
:
PETION.
La
"cy-devant église Saint-Christoly"
Lorsque viendra l’heure de la terreur, la ville de Bordeaux
sera divisée en section révolutionnaire. En 1792, après convocation des
assemblées primaires, la "paroisse Saint-Christoly" deviendra sa
section des sans culottes n° 10, dite
La révolution accroit le rayonnement et l'influence de Saint-Christoly,
bien au-delà des limites de la paroisse puisque elle regroupe désormais la
paroisse Saint-Projet, réunissant les citoyens de la "rue du Loup, depuis la rue Judaïque
jusque et compris la rue Marchande à l’ouest, place Saint-Projet, rue
Sainte-Jème, rue Tustal, rue et place Saint-André au nord, rue Sainte-Hélène,
rue de l’Hôpital, l’Hôtel Dieu, rue Pradel, rue Cruon, rue Maximilien au nord,
rue Judaïque, rue des Trois conils, rue du Pifre, rue Guiraude, rue de
Les limites de la Section
révolutionnaire n° 10 (La Concorde) de Saint-Christoly.
La maison "où était ci devant le comité de
surveillance" fut ensuite vendue comme bien national au citoyen Nunés. Le
19 Ventôse an V (9 mars 1797), on vendra aux enchères un autel à colonne en
bois doré provenant de l'Eglise. Divers tableaux ayant été " réservés et retirés
lors de la vente", puis on fera constater qu’ils sont "de nature à
mériter les honneurs du Muséum".
A suivre …
Et
tout cela n'est qu'un résumé. Nous aimerions tant vous en dire plus, vous
donner des références plus précises. Mais cette évocation sommaire vous donnera
surement envie d'en savoir plus sur le Vieux quartier Saint-Christoly de Bordeaux
Et
pour en savoir plus :
JULLIAN (C.), Histoire de Bordeaux, depuis les origines jusqu'en 1895.
ADG PAROISSE DE SAINT-CHRISTOLY DE BORDEAUX. G. 2376 à 2422.
Papiers personnels de J.-B. Barberet. 2404 à 2416
HISTOIRE DE BORDEAUX, publiée sous la direction de Ch. Higounet. - t. v
SOUS LA DIRECTION DE F.G. PARISET;
LHERITIER (M.),
Liberté (1789-1790) - Les Girondins. Bordeaux Et La
Révolution Française La Renaissance Du Livre1947
LHERITIER (M.), La Révolution à Bordeaux de 1789 à 1791. Tome I : la fin de
l'Ancien Régime et la préparation des États généraux (1787-1789), Presses Universitaire,
1942.
Gensonné, in FURET (F.) et Mona OZOUF (M.) (dir.) La Gironde et les
Girondins, Payot, 1991
A suivre prochains numéros :
- Saint-Christoly
au XIXème siècle
-
L’église Saint-Christoly
-
Le couvent des petits-Carmes.
-
etc…
Saint-Christoly est au cœur de notre histoire.
C’est là que la ville de Bordeaux a été fondée.
L’antique quartier Saint-Christoly
est le plus vieux quartier de Bordeaux.
Il doit conserver son nom.
SIGNEZ LA PETITION :
ENSEMBLE SAUVONS LA PLACE SAINT-CHRISTOLY.
Offert
par les habitants du Vieux quartier Saint-Christoly
de Bordeaux.
www.placesaintchristoly.fr